Découverte de la basse-ville de Fribourg
Je gare la moto avec hâte au bout du boulevard de Pérolles, à une centaine de mètres des écoles d’ingénieur et de l’École des Métiers. Nous avions rendez-vous à 9 h 30 ce samedi printanier, et sommes en retard de quelques minutes. Notre guide nous attend déjà.
Quelques minutes plus tard, une fois changés et l’attirail de motard déposé en lieu sûr, je commence le tour qui va m’emmener par les chemins et les petites rues jusqu’aux bords du Gottéron. Je sais déjà que cela va être une bonne journée.
Avant même de descendre en direction de la Sarine, notre hôte me montre une photo sur son portable. Un souvenir de son enfance du bout du boulevard de Pérolles dans les années soixante. On peut voir sur le cliché en noir et blanc le hangar qui abritait le tramway qui traversait encore la ville à cette époque.
Puis on s’engage sur le chemin Guillaume Ritter qui descend vers la réserve naturelle autour du lac de Pérolles. La descente est agréable, ombragée, le terrain encore humide des orages de la veille.
« C’est le début de mon aire de jeu », me dit notre guide en parlant de son enfance. L’aire en question s’étendait de ce chemin terreux jusqu’aux Trois Canards, autour de la maison qu’il habitait dans la basse-ville.
En quelques minutes, les trouées dans les arbres nous montrent déjà l’étendue d’eau et les méandres de la Sarine. Très vite, on sort du bois un peu au-dessus du barrage.
C'est un ouvrage de l'ingénieur Ritter, datant de 1872. Le premier en Europe à être construit en béton. Depuis 2006, il dispose d'un ascenseur à poissons (!) afin qu'ils puissent passer de la Sarine au lac de Pérolles et inversement.

Le lac en lui-même abrite une réserve naturelle, entre falaises spectaculaires et terrasses, où de nombreuses espèces d'oiseaux trouvent refuge. Les hiboux grands duc et les faucons pèlerins nidifient dans les parois.

Sur le barrage de la Maigrauge, le soleil commence à se faire sentir. On peut voir l’un des nombreux couvents de Fribourg, l’Abbaye de Maigrauge datant du XIIIe siècle, en dessous de la ville moderne qu’on aperçoit au-dessus des cimes. Mon guide me raconte qu’à l’époque, ils frappaient à la porte, lui et ses copains, pour avoir un goûter. Ils repartaient avec des sacs remplis de restes des découpes d’hostie.

Depuis le pont de la Motta, on aperçoit déjà la « Grande Dame ». La cathédrale Saint-Nicolas, en hauteur et forte de ses 75 m, dépasse la cime des arbres qui bordent la Sarine le long de la piscine.

Longeant la piscine, on tombe sur le championnat romand de natation. Néanmoins, après un bref échange, nous pouvons jeter un œil sur les antiques cabines, toutes penchées en avant. Nous aurons une bien meilleure vue sur les bassins depuis la rue des Alpes, un peu plus tard dans l’après-midi.
On traverse à nouveau la Sarine par le pont Saint-Jean, pour longer quelques quartiers tranquilles et pittoresques. Mon guide me montre l’ancienne caserne, reconnaissable à ses volets à chevrons noirs et blancs. Puis nous redescendons par la Planche Inférieure, croisons la prison centrale (qui bientôt ne sera plus utilisée), jusqu’au pont du Milieu. Depuis le pont, on peut voir l’endroit où l’équipe du HCG (hockey club de Gottéron) s’entrainait avant d’avoir sa patinoire actuelle.
À aucun moment je n’ai l’impression d’être « en ville », plutôt dans un endroit un peu écolo, un peu « bobo ».

La matinée bien engagée, la température monte et nous trouvons un point de rafraichissement en terrasse, non loin de la place du Petit Saint-Jean. Chacune de ces places dispose d’une fontaine sculptée, pour la plupart réalisées dans les années 1550 par Hans Geing. La ville en compte onze.

Rafraichis, nous traversons encore la Sarine par le pont de Berne (la basse-ville comporte trois), tout en bois et couvert. L’air qui s’y engouffre comme par magie est le bienvenu ; on approche de midi et le soleil de juin tape dur.
De là, nous engageons le chemin du Gottéron qui va nous conduire jusqu’à notre point de ravitaillement, la pinte des Trois Canards. L’accueil y est très chaleureux, la carte variée et délicieuse. Je choisirai la truite saumonée et ses petits légumes, élevée à quelques centaines de mètres de là.

Après le repas à la fraicheur de l’ombre, nous nous hâtons de rejoindre le funiculaire de la ville, l’un des deux derniers funiculaires au monde qui est en service, et dont la particularité est de partager l’utilisation de ses voitures entre les voyageurs et les eaux usées de la ville « haute ». Expérience à faire !
En haut, on rejoint le point de départ du train touristique. Cela peut paraître un peu simple, mais c’est un bon moyen de traverser la ville et de l’observer sous un point de vue inhabituel. Le train nous emmène jusqu’à La chapelle de Lorette, où nous faisons une pause de quelques minutes. Le point de vue sur la ville est imprenable.


La chapelle étant ouverte, nous pouvons admirer les enluminures et l’hôtel magnifique.
De retour en ville, nous nous séparons avec notre guide de la journée (encore merci Christian !).
L’expérience est curieuse : devenir touriste, le temps d’une journée, et visiter les coins pittoresques d’une ville dans laquelle je travaille tous les jours. Les anecdotes et petites histoires rapportées par un enfant du pays ont beaucoup contribué au plaisir de cette visite. Si elle est particulière, l’expérience est à conseiller.