notes

Mare of Easttown

Wow. Je suis complètement retourné. Quel show, mais quel show !

Mare of Easttown est une série policière et dramatique en sept épisodes, diffusée sur HBO depuis le 18 avril 2021. Kate Winslet joue le rôle d’une enquêtrice qui cherche à élucider le meurtre d’une jeune femme dans une petite ville de Pennsylvanie, près de Philadelphie.

Sur le papier, c’est le genre de série qui ne m’attire pas forcément : l’histoire se situe dans les quartiers périphériques d’une grande ville nord-américaine, elle oscille entre le drame social et l’enquête policière, le format est court (pour une série) ou trop long (pour un film). Pourtant, dès les dix premières minutes, elle m’a happée.

Qu’est-ce qui a si bien fonctionné ?

D’abord la structure, en sept épisodes au rythme bien maîtrisé. À la fin de chaque heure, un rebondissement (cliffhanger) nous aspire littéralement vers le chapitre suivant ; on veut savoir ce qui se passe ensuite, on doit savoir. Et pour ma part, presque chacune de ces fins était inattendue, ce qui rajoute à l’effet de surprise.

La photo participe beaucoup à l’ambiance générale, avec un mélange de caméra portée à l’épaule et de plans plus maîtrisés, un éclairage sombre et pourtant familier… Le tout supporté par une musique qui ajoute à l’impression dramatique tout en restant discrète au fil de l’histoire.

Plus que la trame de l’histoire, c’est l’authenticité des personnages (jusqu’à travailler l’accent du Delaware) qui apporte de la consistance à l’histoire. Kate Winslet est fantastique, c’est probablement le rôle le plus dur qu’elle ait eu à jouer. Mais elle est loin de porter la série à bout de bras. L’ensemble du casting joue « juste », c’est encore le mot « authentique » qui me vient.

Le format long permet vraiment d’explorer les personnages en profondeur, tous les personnages et pas seulement les principaux. Ce qu’on peut montrer en sept heures est impressionnant, et je comprends mieux l’intérêt des miniséries après cette expérience.

Ce qui rend l’histoire si attachante, c’est la force de Mare, qui avec tout ce qu’elle subit arrive à gérer à la fois les traumas qu’elle vit depuis avant même le début de cette histoire. On les découvre petit à petit, ainsi que l’implication de ses proches et l’impact qu’ils peuvent avoir sur ses actions et décisions. Mare est incroyable de ce point de vue, et pourtant elle reste une personne ordinaire, loin du profil du héros d’action.

On vit avec le personnage drame après drame après drame, au fur et à mesure qu’elle les découvre ou les vit. Ces moments de tension sont équilibrés par de petites scènes humoristiques qui permettent au spectateur de supporter tout ce qui se passe dans le show.

Cerise sur le gâteau : la fin était pour moi imprévisible, elle m’a retourné la tête.

Mare of Easttown : chaudement recommandé.

La règle de Raymond Chandler

L’écrivain américain Raymond Chandler avait l’habitude d’écrire sur de petites cartes cartonnées (les index cards au format A7). Il les utilisait directement dans sa machine à écrire.

Il suivait une unique règle : quelque chose devait se passer sur chaque carte, ce qui l’entrainait à être précis et direct. L’équivalent moderne pourrait s’articuler ainsi : on doit s’assurer que le lecteur a une épiphanie tous les deux cent cinquante mots. Cela rend l’écriture plus concise et efficace.

Ce n’est pas que le lecteur n’apprécie pas les idées profondes, au développement long, mais il s’agit d’envelopper ces idées dans une narration intéressante, parsemée d’un enchaînement harmonieux de mini-révélations. Tout comme les bons humoristes cachent de petites blagues au sein de la thématique de leur sketch, les bons écrivains gardent l’attention de leurs lecteurs avec une révélation toutes les pages.

(Via David Perell.)

Mes lectures pour 2020

Voici la liste de ce que j’ai lu pour l’année 2020, ce qui porte le compte à 35. C’est plus que l’an dernier (28), mais loin de l’objectif que je m’étais fixé de un livre par semaine.

La répartition ebook/livre papier est de 11/24, moins que ce que j’imaginais. D’une manière générale, je tire une leçon à ce sujet: j’ai maintenant tendance à lire la fiction sur la liseuse, et les autres livres « non-fiction » en version brochée, car la prise de note dans les marges est bien plus aisée —oui, je fais partie de ces gens qui font vivre leurs livres, les annotant, cornant les pages, dialoguant avec l’auteur.

pie title e-Book vs Broché "eBook" : 45.83 "Broché" : 54.17

La répartition fiction/n-f est plus intéressante: plus de soixante-dix pour cent de mes lectures sont de la non fiction.

pie title Fiction vs Non-fiction "Non-fiction" : 71.43 "Fiction" : 28.57

Enfin, il semble que je lise à peu près autant en anglais qu’en français (19/16).

pie title Français vs English "anglais" : 54.29 "français" : 45.71

La liste

  • The bullet journal method de Caroll Ryder (2020-01-02)
  • The Antidote de Oliver Burkeman (2020-01-12)
  • Sapiens : Une Brève Histoire de l'Humanité de Yuval Noah Harari (2020-02-07)
  • Deep Work de Cal Newport (2020-02-14)
  • We should all be feminist de Chimamanda Ngozi Adichie (2020-02-09)
  • How to have impossible conversations de Peter Boghossian & James Lindsay (2020-03-01)
  • Profession romancier de Haruki Murakami (2020-03-10)
  • Everything is f*cked de Mark Manson (2020-03-28)
  • Alerte de Anonyme (2020-03-31)
  • How to take smart notes de Sonke Ahrens (2020-04-06)
  • La philosophie comme manière de vivre (2020-04-10)
  • Terre errante de Cixin Liu (2020-04-16)
  • Take control of Devon Think 3 de Joe Kissel (2020-05-16)
  • Un(e) Secte de Maxime Chattam (2020-05-30)
  • Comment écrire des histoires de Elisabeth Vonnaburg (2020-05-17)
  • Les cendres de Babylone, The Expanse 6 de James S.A. Corey (2020-06-06)
  • The Infinite Game de Simon Sinek (2020-06-11)
  • Don’t panic, Douglas Adams and the Hitchhiker’s guide to the galaxy de Neil Gaiman (2020-06-13)
  • Meurtres en douceur de Ray Bradbury (2020-06-15)
  • Le jour des cendres de Jean-Christophe Grangé (2020-07-07)
  • Comme par magie de Elisabeth Gilbert (2020-07-12)
  • Mange, prie, aime de Elisabeth Gilbert (2020-07-24)
  • Les flammes de l'empire, l'Interdependance T2 de John Scalzi (2020-07-26)
  • Le dernier secret du Vatican de Steve Berry (2020-08-02)
  • Les Saintes Reliques de Steve Berry (2020-08-08)
  • The calculating stars de Mary Robinette Kowal (2020-08-24)
  • Mastery de Robert Greene (2020-09-13)
  • La Vallée de Bernard Minier (2020-10-04)
  • The Art of Possibility de Rosamund Stone Zander & Benjamin Zander (2020-10-12)
  • 5'000 words per hour de Chris Fox (2020-11-10)
  • Dark Mirror de Barton Gellman (2020-11-15)
  • L'illusion de Maxime Chattam (2020-11-29)
  • Le gène Atlantis de A.G. Riddle (2020-12-08)
  • The system de James Ball (2020-12-11)
  • Thinking, Fast and Slow de Daniel Kahneman ()
  • Le Fléau Atlantis de A.G. Riddle ()
  • The Daily Stoic de Ryan Holiday and Stephen Hanselman (2020-12-31)

La loi de Goodhart

J'ai pris l'habitude de compter le nombre de mots (ou de signes, selon qu'on mesure à la française ou à l'anglo-saxonne) lors de mes sessions d'écriture. Cela me permet de marquer mes progrès et d'avoir une trace de ce que je fais, le but étant de conserver une certaine inertie, une lancée qui me permet d'aller au bout de mon manuscrit.

À un moment, c'était même devenu une obsession : j'avais toute une série de scripts pour compter ces mots dans mes documents Google Docs. C'en était au point que si je n'atteignais pas le nombre de signes que je m'étais fixé pour ma journée, je ressentais une culpabilité qui pouvait me bloquer par la suite.

Totalement contre productif.

« Quand une mesure devient un objectif, elle cesse d'être une bonne mesure. » Je suis tombé sur ce principe, souvent attribué à l'économiste Charles Goodhart, lors de la lecture de Atomic habits de James Clear. Je pense que cela représente bien le problème.

Il faut plus l'aborder sous l'angle proposé par Lionel Davoust. Plutôt que d'écrire tous les jours (et de compter ses mots), il faut "toucher" son manuscrit tous les jours, c'est à dire travailler dessus, que ce soient pour des corrections, une relecture ou la rédaction du premier jet.

Les bonnes résolutions, ça ne marche pas

Ce n’est pas une nouveauté. Les petites promesses, traditionnellement faites à soi-même à l’aube d’une nouvelle année, ne tiennent guère dans le temps. C’est vrai aussi de toutes nos bonnes intentions. Je vais me mettre au footing. J’arrête de manger trop sucré. Je vais diminuer ma consommation d’Instagram.

Bullshit.

Ce n'est pas vraiment de notre faute. Notre cerveau a tendance à prioriser le moment présent, à valoriser la gratification immédiate, ce qui veut dire qu’on ne peut pas se fier aux bonnes intentions. Les développeurs des applications sur lesquelles on passe le plus de temps l’ont bien compris.

Alors, souvenons-nous d’une chose.
D’une manière générale, plus immédiat le plaisir que l’on retire d’une action, plus on devrait se poser la question de savoir si ça s’aligne avec nos objectifs à long terme.

Ne soyez pas un chimpanzé conformiste

Une étude a montré que lorsqu’un chimpanzé d’un certain groupe découvrait une manière efficace d’ouvrir les noix et change ensuite pour un groupe qui emploie une stratégie moins efficace, il va éviter d’utiliser sa méthode, pourtant supérieure, juste pour se mêler au reste des chimpanzés.

Les êtres humains sont similaires. Dans notre for intérieur, il existe une pression incroyable nous poussant à nous conformer aux normes du groupe. La plupart du temps, nous préférons avoir tort avec les autres plutôt qu’être le seul à avoir raison. Certains le savent très bien et en profitent. Ils utilisent ce comportement (et bien d’autres leviers) pour nous faire croire en insécurité, pour influencer nos choix lors d’un achat, pour modifier l’issue d’une campagne politique.

Prenons un peu de recul.

Si vous avez une idée novatrice, n’ayez pas peur de la défendre. Si vous avez une opinion ferme, prenez le temps d’en vérifier les origines, les valeurs. Valorisez votre individualité.

Ne soyez pas le chimpanzé qui se conforme au groupe.

Le faux raisonnement de planification

Les gens sous-estiment si souvent le temps qu'il faut pour accomplir les tâches que les psychologues ont trouvé un nom pour cela : l'erreur de planification (the planning fallacy).
— Nicholas Epley, Mindwise : How We Understand What Others Think, Believe, Feel and Want._

Je suis bien obligé de reconnaître le problème, trainant depuis plus d'un an sur le manuscrit de Timeskippers.

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