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Je rejoins le groupe des auteurs helvétiques de littérature de genre (GAHELIG)

J’avais repéré depuis quelque temps le GAHELIG grâce à Catherine Rolland, une autrice hybride avec qui j’ai un certain nombre de points communs (ce sera pour une autre fois). En me renseignant sur le groupe, j’ai vu qu’il était très actif et comportait pas mal de membres, des écrivain.e.s indépendant.e.s autant que d’auteurs issus de l’édition traditionnelle.

Très vite, j’ai eu envie de les rejoindre.

La bannière du site web du GAHELIG. Représente un clavier d'ordinateur et un stylo, une série de symboles représentant les différents genres de littérature et les mots 'polar', 'thriller', 'romance', 'historique', 'fantasy', 'fantastique', 'science-fiction'
La bannière du site du GAHELIG

Je suis assez à l’aise avec la notion de solitude. En fait, il y a plutôt intérêt : le métier d’écrivain veut que l’on passe des heures seul, à la table de travail (remplacez par ce que vous imaginez en fonction du romancier en question : clavier d’ordinateur, vieille machine à écrire, plume et papier). Mais une fois le texte achevé, une fois qu’il est libéré et commence sa vie auprès des lecteurs, je rejoins le monde social et là, je préfère rencontrer des vraies gens (comprendre : différents de mes personnages).

Faire ces rencontres, que ce soit pour discuter avec des lecteurs ou partager avec d’autres auteurs, voilà quelque chose que j’aime vraiment faire qui fait partie aussi du métier. Étant un auteur hybride (enfin techniquement : l’ayant été jusqu’à l’arrivée de la pandémie), j’ai eu la chance de faire quelques festivals et salons littéraires qui m’ont permis ces rencontres. Depuis 2020 cependant, plus rien : la maison d’édition a dû fermer ses portes et moi, je ne suis pas retourné en salon.

Le GAHELIG, c’est donc pour moi une nouvelle occasion de tisser des liens avec des auteurs, qui plus est de ma région, et aussi celle de pouvoir à nouveau pouvoir présenter mes romans en salon et en festival. Je me réjouis par avance !

Vous pouvez nous suivre sur Facebook et Instagram pour avoir toutes les actualités du groupe.

Mastodon

J'ai retrouvé trace de ma première inscription sur une instance Mastodon grâce à mon gestionnaire de mots de passe. C'était en avril 2017, et à l'époque, passé l'attrait de la nouveauté, je m'étais désintéressé de la plateforme en quelques semaines. Il faut dire qu'il y avait beaucoup moins d'utilisateurs, et qu'à l'époque, un bon filtrage de ma timeline Twitter me permettait d'éviter les dérives droitisantes et plus globalement tout ce qu'il y avait de plus négatif sur le réseau de l’oiseau bleu.

Surtout, je n’avais pas compris l’intérêt du Fediverse.

Fast Forward de cinq (!) années. Comme beaucoup de gens, je me suis retrouvé à réinvestir mon compte Mastodon au début de novembre 2022, à la suite du changement de propriétaire de Twitter et des actions qui en découlèrent si vite après.

Alors, quoi ?

Les mots qui me viennent en premier sont « bouffée d’air frais » (j’étais tenté de dire ”d’oxygène”, ce qui est un point de comparaison automatique venant directement de mon dayjob).
Le calme ambiant, la politesse et le fairplay, fair use que j’y retrouve y contribuent pour l’essentiel. L’absence de bots, de pub et d’algorithme sont un vrai plus.

Grâce à cette transition, je retrouve de nouveaux vieux centres d’intérêts : d’abord la littérature et l’écriture, mais aussi le libre, Linux, les FOSS, la street photography.
C’est facile grâce aux tags que l’ont peut suivre directement. Ça l’est aussi parce qu’en changeant de réseau, je suis reparti de zéro, collectant les comptes auxquels je souhaitait m’abonner en agissant comme le curateur d’une importante collection1.
Mieux encore, j’ai pu choisir une instance locale, au sens géographique, qui me permet de voir dans ma timeline locale des usagers que je n’aurais pas découvert sans cela.

Ces changements bénéfiques sont cités en partie dans l’article de Cory Doctorow What the Fediverse doesn't solve, qui m’a aidé a comprendre pourquoi ils étaient bénéfiques.
La force de web des premières années était dans son interopérabilité. Tout le monde utilisait des protocoles standards. Cela permettait de créer dans son petit coin d’internet tout en le rendant connectable au travers de ces standards. On pouvait lier tout et n’importe quoi, mais pas n’importe comment. Il était facile de quitter un forum, une communauté, un site, en gardant des liens vers ces derniers, mais aussi de se protéger des mauvais acteurs par les mêmes mécanismes.

Les fondations du Fediverse reposent sur le même genre de standard, un protocole appelé ActivityPub, créé pour fabriquer un web durable, ouvert et interopérable, pouvant fonctionner avec n’importe quelle application. C’est le cas de Mastodon, de Pixelfed et bien d’autres.
C’est ce qui m’a permis de quitter une instance et de déménager mes followers et les comptes que je suivais en quatre clics.

Cela me permettra, si un jour les admins de l’instance que j’ai choisie virent vers des idées que je ne partagent pas, de déménager à nouveau sans être victime du principal bras de levier qu’utilisent les systèmes propriétaires et les stratèges de l’économie de l’attention: on ne les quitte pas parce que tout ceux que l’on connait y sont et qu’il est impossible de le faire sans les perdre. On y est pris au piège, by design.

C’est impossible avec un système ouvert et libre, respectueux de protocoles standards qui permettent cette ouverture.
C’est cela, au fond, que j’ai gagné en migrant vers une instance Mastodon: la liberté des premiers jours du web, en tout cas une certaine forme de cette dernière.

  1. C’est tout l’intérêt de renseigner une bio courte et efficace, et de la politesse faites aux autres usagers d’écrire un post de présentation. ↩︎

Redonner du temps à l’essentiel

Ces derniers temps, lorsque j’ouvre mon ordinateur, je me sens dépassé, confronté au problème de mon rapport au temps : j’ai tellement à faire, et si peu de temps ! Il en ressort un stress qui n’est vraiment pas nécessaire et même, dans mon cas, délétère d’un point de vue créatif.  

Depuis lors, il m'arrive de rester bloqué devant mon fichier ouvert, incapable d’avancer sur le projet en cours. Et cela devient même pire : je me retrouve à tout faire sauf terminer mon manuscrit, écoutant la voix convaincante de la Resistance, trouvant n’importe quel moyen de procrastiner.

Notez que ce n’est pas la première fois que cela me pose un problème, j’avais même écrit un article pour débroussailler mes idées et trouver des méthodes pour dégager du temps pour écrire. Si l’article est daté, il a le mérite de me rappeler où j’en étais par rapport à ce thème à l’époque.

Quand on est créateur, on dirait qu’il y a une règle tacite, une injonction à produire à tout prix et à grande vitesse. Cela peut parfois donner l’impression que si l’on ne produit pas, on n’existe pas, que ce soit pour les systèmes à dopamine que sont les réseaux sociaux ou pour satisfaire les algorithmes d’un site de vente en ligne. Et cette pression, je la ressens assez pour qu’elle gêne mon travail créatif. 

Elle devient un vrai problème.

Je suis tombé sur un article du blog de Dimitri Régnier, dans lequel il décrit des sensations similaires, en tout cas pour ce qui est de son rapport au temps, de son utilisation, et des contraintes qui nous sont imposées.

Je le rejoins sur plusieurs points, mais l’un en particulier me titille particulièrement : pour créer et produire de la qualité, en fait, il faut du temps, il faut prendre le temps. Par exemple, j’aurais dû sortir le tome 2 de Timeskippers avant les fêtes de fin d’année (notamment pour satisfaire l’algorithme). Mais si je veux être fier de ce texte et qu’il soit au niveau de qualité que je souhaite, je me dois de prendre le temps d’y travailler jusqu’à atteindre cet objectif.

Je me rends compte aussi que la situation est accentuée par les outils que j’utilise. Un désavantage du caractère "geek curieux" qui m’habite, je teste pas mal de choses, je cherche à trouver le meilleur outil pour ce que je fais (la planification, l’écriture, la production d’ebooks). Résultat après quelques années : il y en a littéralement partout, mes textes et mes idées sont dispersés dans différents systèmes et logiciels, et cela participe beaucoup du sentiment d’être dépassé quand je soulève le capot de mon portable.

J’ai pourtant des indices sous les yeux. Depuis plusieurs mois, j’utilise une machine à écrire toute simple, avec un écran LCD et un superbe clavier mécanique, qui synchronise mes textes avec mon ordi. Et c’est libérateur : quand j’allume cet outil précis, c’est uniquement pour écrire. Un outil simple, qui ne sert qu'une fonction, qui marche tout le temps.

Les militaires, et particulièrement les unités des forces spéciales, utilisent un moto sous forme d'acronyme: KISS (Keep It Simple Stupid).

Donc, je tends de plus en plus à la simplification de mes outils et de la façon dont je gère mes fichiers. Inspiré par certains des articles de Ploum, mes idées m’amènent à nouveau vers un amour de jeunesse : Linux et les FOSS (Free and Open Source Software), avec cette tendance non pas au minimalisme, mais à l’essentialisme

Dans le même ordre d’idée, je m’éloigne des systèmes à dopamine (je n’ai pas ouvert Facebook depuis plusieurs mois et je vais bien mieux, merci), et j’ai réouvert un compte Mastodon, où l’ambiance ressemble beaucoup à celle des l’internet des pionniers, avec de l’entraide du partage et une certaine forme de bienveillance (et ça fait du bien).

Tout cela déclenche un arc cognitif et me rappelle cette citation de Blaise Pascal :

Tous les problèmes de l’humanité découlent de l’incapacité de l’homme à s’asseoir tranquillement et seul dans une pièce.

Blaise Pascal

Dimitri a raison : il s’agit en fait de retrouver notre capacité à conserver une vie intérieure et je rejoins sa conclusion. Il faut redonner du temps à l’essentiel, pour vivre en accord avec ses valeurs.

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