écrire

Je rejoins le groupe des auteurs helvétiques de littérature de genre (GAHELIG)

J’avais repéré depuis quelque temps le GAHELIG grâce à Catherine Rolland, une autrice hybride avec qui j’ai un certain nombre de points communs (ce sera pour une autre fois). En me renseignant sur le groupe, j’ai vu qu’il était très actif et comportait pas mal de membres, des écrivain.e.s indépendant.e.s autant que d’auteurs issus de l’édition traditionnelle.

Très vite, j’ai eu envie de les rejoindre.

La bannière du site web du GAHELIG. Représente un clavier d'ordinateur et un stylo, une série de symboles représentant les différents genres de littérature et les mots 'polar', 'thriller', 'romance', 'historique', 'fantasy', 'fantastique', 'science-fiction'
La bannière du site du GAHELIG

Je suis assez à l’aise avec la notion de solitude. En fait, il y a plutôt intérêt : le métier d’écrivain veut que l’on passe des heures seul, à la table de travail (remplacez par ce que vous imaginez en fonction du romancier en question : clavier d’ordinateur, vieille machine à écrire, plume et papier). Mais une fois le texte achevé, une fois qu’il est libéré et commence sa vie auprès des lecteurs, je rejoins le monde social et là, je préfère rencontrer des vraies gens (comprendre : différents de mes personnages).

Faire ces rencontres, que ce soit pour discuter avec des lecteurs ou partager avec d’autres auteurs, voilà quelque chose que j’aime vraiment faire qui fait partie aussi du métier. Étant un auteur hybride (enfin techniquement : l’ayant été jusqu’à l’arrivée de la pandémie), j’ai eu la chance de faire quelques festivals et salons littéraires qui m’ont permis ces rencontres. Depuis 2020 cependant, plus rien : la maison d’édition a dû fermer ses portes et moi, je ne suis pas retourné en salon.

Le GAHELIG, c’est donc pour moi une nouvelle occasion de tisser des liens avec des auteurs, qui plus est de ma région, et aussi celle de pouvoir à nouveau pouvoir présenter mes romans en salon et en festival. Je me réjouis par avance !

Vous pouvez nous suivre sur Facebook et Instagram pour avoir toutes les actualités du groupe.

Découvrez la couverture de TOTEM!

Lors de mon précédent article, je vous parlais de la réédition de mon thriller sous un nouveau titre, TOTEM.

Avec cette nouvelle édition, j’ai pris le temps de faire (encore) des corrections — c’est fou, vous pouvez relire votre texte autant de fois que vous voulez, on retrouve toujours des coquilles —, quelques ajouts visuels et une nouvelle mise en page, mais aussi, une nouvelle couverture.

Alors, sans plus attendre, voici, sous vos yeux (espérons) ébahis, la nouvelle version :

Yeah !

Je suis très content de cette couverture, et sur les premiers tests que j’ai faits elle a l’air de séduire mes lectrices et lecteurs. Nous verrons très vite ce qu’elle donne dans le grand bain, dès le 18 octobre, date de la publication de cette nouvelle édition !

La Douzième Victime, nouvelle édition

Vous l’avez sûrement déjà appris, la maison d’édition Heartless, chez qui était publié mon thriller La Douzième Victime, ferme ses portes à la fin de l’année 2021. Il faudra remercier — entre autres choses — la COVID, qui aura fini d’user les ressources de mes deux éditrices, au point qu’elles en viennent à jeter l’éponge.

La fin de cette collaboration m’attriste, bien évidemment. Elle m’a permis d’apprendre encore sur le milieu de l’édition, de rencontrer d’autres auteurs, différents acteurs de la chaine du livre, mais aussi de rencontrer mes lecteurs lors des salons auxquels j’ai pu participer (enfin, avant qu’on ne puisse plus organiser d’événements publics). Je ne saurais trop remercier mes éditrices pour leur investissement et l’attention particulière qu’elles ont donnés à leurs auteurs.

Car voyez-vous, chez Heartless, on y était bien : des droits décents (même pour un auteur débutant), des redditions de compte au trimestre (oui, vous avez bien lu), une attention et une réactivité sans faille. Et puis, on s’est bien marrés, ce qui ne gâte rien !

Je comprends leur décision, surtout vu le contexte que l’on vient de traverser. J’imagine que ce fut le cas de beaucoup de petites entreprises. Comment survivre sans pouvoir organiser de salon, sans pouvoir rencontrer les lecteurs, sans avoir les reins aussi solides qu’une grosse maison (comprendre : un cashflow permettant d’absorber l’adversité de la situation d’une pandémie mondiale) ?

Alors, avec leur accord, j’ai récupéré les droits de mon thriller. Du coup, que se passe-t-il ensuite ?

La Douzième Victime sera ré-édité sous le titre « Totem »

Ayant récupéré les droits, j’ai décidé de ressortir le livre en tant qu’indépendant. Je ne suis pas certain qu’une maison d’édition traditionnelle accepte de le reprendre (en fait, je suis convaincu que, merci, mais non merci). Vu les retours des lecteurs que j’ai pu croiser ou lire, je crois qu’il y a encore un public pour ce thriller, et donc, je le propose à nouveau.

Mais comme pour tourner la page d’une aventure, je ne voulais pas simplement reprendre là où on en était, mais créer une nouvelle édition.

Une version revue, corrigée, augmentée va donc voir le jour, avec une nouvelle mise en page, une nouvelle couverture qui sera bientôt révélée, suivez-moi sur les réseaux (ah ha, je suis trop fort en teasing), et un nouveau titre : TOTEM.

Marquez-donc la date du 18 octobre 2021, jour officiel de la sortie de Totem !

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La règle de Raymond Chandler

L’écrivain américain Raymond Chandler avait l’habitude d’écrire sur de petites cartes cartonnées (les index cards au format A7). Il les utilisait directement dans sa machine à écrire.

Il suivait une unique règle : quelque chose devait se passer sur chaque carte, ce qui l’entrainait à être précis et direct. L’équivalent moderne pourrait s’articuler ainsi : on doit s’assurer que le lecteur a une épiphanie tous les deux cent cinquante mots. Cela rend l’écriture plus concise et efficace.

Ce n’est pas que le lecteur n’apprécie pas les idées profondes, au développement long, mais il s’agit d’envelopper ces idées dans une narration intéressante, parsemée d’un enchaînement harmonieux de mini-révélations. Tout comme les bons humoristes cachent de petites blagues au sein de la thématique de leur sketch, les bons écrivains gardent l’attention de leurs lecteurs avec une révélation toutes les pages.

(Via David Perell.)

Les règles de Heinlein

Je connaissais déjà les règles d’écritures de Heinlein, pour être tombé dessus à l’époque où je passais plus de temps à chercher des articles sur l’écriture qu’à écrire (indice : mettez-vous tout de suite à l’écriture, plutôt que de procrastiner1). Ce que je croyais avoir compris à propos de ces règles était loin de leur signification réelle.
En fait, comme beaucoup de ce qui parait simple, ces règles sont complexes et presque impossibles à suivre.

Qui est Robert A. Heinlein ?

Je vais vous renvoyer vers l’article de Wikipedia à son sujet, mais résumons en disant simplement qu’il était un auteur américain de science-fiction quatre fois primé au Hugo.

Les règles

Dans les années quarante, Heinlein écrit un essai destiné aux professionnels du secteur, plutôt mal fagoté, et à la fin duquel il dit qu’après tous ces conseils, il va donner ses règles de business secrètes, en mentionnant que ses « collègues » lui en voudront certainement de les donner. Selon lui, ce n’est pas très important, parce que personne ne pourra les appliquer complètement de toute façon.
Et il se trouve qu’il avait raison.

Les règles d’Heinlein sont simplissimes, et presque impossibles à suivre.

Règle n° 1 : vous devez écrire.

OK. Écrire. C’est simple. Cela ne veut pas dire faire de la promo, ni discuter sur un groupe fb d’écriture, ou « faire des recherches » pour mon prochain thriller ou ma prochaine histoire SF.
Cela veut juste dire « être un écrivain » ; quelqu’un qui écrit. Qui quand il a fini son bouquin, attaque le suivant. Cela veut dire de ne pas se cacher derrière des excuses (« je n’ai pas le temps pour écrire », « je ne suis pas inspiré aujourd’hui », « je me suis engueulé avec ma femme, je ne suis vraiment pas d’humeur pour écrire », et j’en passe).

Ça commence déjà à être difficile, et c’est peut-être même la règle la plus dure à suivre, parce que (et je suis le premier concerné) il s’agit de passer plus de temps à écrire qu’à dire qu’on veut/va/pense à écrire.
Get to your. fucking. keyboard. and. WRITE.

Règle n° 2 : vous devez finir ce que vous écrivez.

Ça à l’air con, dit comme ça. Ce qui empêche la plupart des gens de finir leur travail (d’écriture), c’est la peur, parce que cela veut dire une histoire à montrer, une exposition aux critiques. Et si j’ai fait de la « m » ? Si les lecteurs n’aiment pas ? Si personne ne lit ? Tant que c’est un work in progress, c’est safe.
Ce mur de peur nous empêche de mener nos projets au bout, comme huit ou neuf personnes sur dix qui se lancent dans l’écriture d’un roman.

Règle n° 3 : vous ne devez jamais réécrire, à part pour des besoins éditoriaux.

Je suis un des premiers à sauter sur place quand je lis cette règle. Comment est-ce possible ? Ne doit-on pas proposer la meilleure qualité possible pour nos lecteurs ?
Examinons ce que cette règle veut vraiment dire.
Écrire, c’est un processus géré par l’arrière de votre petit cerveau (pour reprendre l’expression de Dean W. Smith, qui m’a inspiré cet article). Réécrire, ou éditer, c’est corriger les petites fautes, toutes les mauvaises tournures de phrases, cela vient du lobe frontal, de votre prof de français personnel.

L’arrière de votre cerveau sait ce qu’il fait : il a fait ça toute sa vie, raconter des histoires, en lire et en écouter ; il sait ce que c’est que le storytelling.
Cette phrase moche que votre lobe frontal cherche à vous faire corriger ? C’est ce qui fait que c’est votre texte, c’est votre style. Il n’y a que sept structures d’histoires, et tout ce qui a déjà été écrit suit ces structures. Vous ne pourrez pas faire mieux que Shakespeare, que Bradbury ou que Gaiman (oui, j’ai les références que je veux !). Ce qui va faire la différence, c’est vous, l’écrivain, avec votre style, votre façon d’écrire l’histoire.

Laissez votre « voix » tranquille.

C’est votre style, c’est ce qui va vous différencier, laissez cela dans le texte !

Qu’est-ce qu’on peut tirer de tout cela ?
Allez jusqu’à la fin de votre histoire en mode créatif. Puis, éditez pour réparer les erreurs, les oublis dans l’histoire. Une vérification de l’orthographe, et zou ! Direction votre (vos) bêta-lecteurs, et quand le texte vous revient, vous réparer les fautes relevées (grammaire, orthographe, frappe) par ces lecteurs, puis laissez partir votre texte vers son public, et passez au texte suivant.

Je sais.
C’est un truc de dingue, et j’ai beaucoup de mal à l’appliquer. Mais ces règles ne tombent pas de nulle part, et ceux qui arrivent à les suivre de manière rigoureuse semblent faire une longue carrière.

Règle n° 4 : vous devez mettre votre texte sur « le marché ».
À l’époque de Heinlein, cela voulait dire le présenter à un éditeur. Maintenant, cela n’a jamais été aussi simple : vous pouvez choisir la voie d’auteur indépendant, ou proposer votre roman à un éditeur, ou les deux.

Règle n° 5 : vous devez laisser votre texte sur le « marché ».

Facile. Voie indé : télécharger, choisir un prix, et oublier. Voie édition traditionnelle : envoyer, se voir refuser le texte, envoyer, se voir refuser le texte, jusqu’à ce que quelqu’un accepte de le publier.

Voilà les cinq règles « business » de Heinlein. Elles fonctionnent pour bien des auteurs. Elles sont si simples et à la fois si difficiles à appliquer ; particulièrement la troisième règle, qui nous pousse à publier des textes si polis (au sens de polissage) qu’ils finissent par tous se ressembler (c’est en tout cas l’avis de Smith).

La quatrième voit son lot de difficultés aussi (« mon texte n’est pas assez bon »), il faut oser proposer son roman et s’exposer.

  1. Bien sûr, j'ai beaucoup de mal à suivre mon propre conseil. On dirait que le cerveau est programmé pour cela: procrastiner.

Structurer son récit : the foolscap method

L’un des points de friction de mon écriture reste l’édition, et pour être plus précis, la correction de mon premier jet, et pour être encore plus précis, la première phase de cette correction : je relis mon histoire, avec mon chapeau d’éditeur, et je ne fais attention qu’à la structure, qu’à l’arc narratif, qu’aux personnages.

Parfois, en faisant cette première relecture, j’ai un doute. L’histoire est là, telle que je l’ai imaginée, dans les grandes lignes. Tout ce que je voulais raconter est présent, et pourtant, il manque quelque chose. Difficile à saisir, impossible de mettre le doigt dessus en criant Eureka !

Au contraire : tout semble là, et pourtant, cela ne fonctionne pas.

Pourtant, on pourrait me classer dans la catégorie des outliners, ceux qui n’arrivent pas à écrire sans avoir un plan, et dans mon cas, un plan plutôt bien détaillé. C’est ce qui m’aide à avancer, sans que cela ne m’enferme puisque je peux très bien en dévier à tout moment pour suivre l’évolution d’un personnage de mon histoire.

Alors, parfois, malgré ce plan minutieux, où je crois avoir pensé à tout, il manque quelque chose, un petit quelque chose que je n’arrive pas à identifier. L’histoire ne fonctionne pas.

Entre en scène la méthode foolscap

Le foolscap, c’est un format de papier US, ce papier jaune ligné, un peu plus allongé et plus fin qu’une feuille A4. Je suis sûr que vous en avez vu dans les films ou séries américaines.

Et d’après Steven Pressfield, auteur américain qui fut l’un des premiers à parler de cette méthode, c’est la longueur idéale de papier pour coucher le plan d’un roman. Pas besoin de plus.

Comment ça marche ?

Il s’agit de reprendre son histoire, depuis une altitude très élevée.

Le premier tiers de la feuille est votre premier acte. Le second, le deuxième acte et le troisième, le dernier acte. On ne peut utiliser que l’espace autorisé par la feuille.

Il faut écrire de la manière la plus simple possible le « Et si? » au début du Premier Acte. Par exemple, pour un policier, ce serait la découverte d’un corps.

Ensuite, à la toute fin de la feuille, il faut écrire le climax du roman (ou de l’histoire, cela peut s’appliquer à n’importe quel format).

Quand vous avez le point de départ et le climax de votre histoire, vous n’avez plus qu’à remplir le reste.

Simple. Simpliste ?

Vu comme cela, c’est un peu simple. Et cela ne m’aide pas à vraiment trouver le problème dans mon histoire. Tout juste à commencer la planification.

Mais de là, Shawn Coyne, un éditeur américain ayant roulé sa bosse chez les big five pendant plus de vingt ans, élabore une méthode qui permet de détecter ce petit truc qui ne fonctionne pas dans mon histoire, justement. N’est-ce pas génial ?

Il a amélioré la grille pour en faire cette fameuse méthode, en extrapolant ce dont une histoire a besoin pour fonctionner à savoir l’unité de base, la brique élémentaire, utilisable à tous les niveaux un peu à l’idée des fractales.

Cette brique est composée de 5 éléments :

  • Inciting Incident – incident de départ (traduction très aproximative, j’en conviens). C’est l’événement qui va changer le cours de la vie de votre personnage principal ; il y a un avant et un après.
  • Complication – progressive, les choses se compliquent pour le protagoniste
  • Crisis – la crise. On peut résumer cela au « meilleur mauvais choix possible »
  • Climax – le climax ou la réalisation de ce choix
  • Résolution – le fruit / les conséquences

Et l’on retrouve cette brique élémentaire de partout: au niveau d’une scène, d’un chapitre, d’un acte (et c’est là qu’on rejoint la foolscap.)

Trouver ce qui ne va pas

Remplir la foolscap est assez facile. La feuille contient une première partie permettant de bien définir votre histoire en définissant le genre et les valeurs en jeu, aussi bien au niveau externe (l’action) qu’interne (le développement de votre personnage principal).

En fonction du genre choisi, il y a aussi des scènes obligatoires, scènes qu’on va trouver dans toutes les (bonnes) histoires du genre, et donc des scènes attendues par le lecteur. Le point de vue général y est défini (3ème personne par exemple), l’objet de désir du personnage, et enfin l’idée générale / le thème de l’histoire.

Voilà pour l’histoire globale. Définir clairement ces points peut paraître futile, mais de là découlent bien des choix de l’histoire à raconter. Ainsi, on peut se rendre compte qu’on a oublié une scène obligatoire du genre, ou que l’évolution de notre personnage n’est pas claire. Le petit truc qui manque, ce peut être cela.

La feuille foolscap vierge.

La suite de la grille se décompose sur les trois actes, que Shawn appelle hook (l’accroche), build (la construction), et payoff (la récompense du héros ou du lecteur). Chaque acte est composé des briques élémentaires décrites, et doit faire avancer votre narration soit vers le positif, soit vers le négatif.

Utiliser la grille pour décrypter votre texte permet une lecture à haute altitude, et permet de jauger de l’équilibre global de votre arc narratif, que ce soit en termes d’action ou de progression du personnage. C’est souvent ce qui permet de mettre le doigt sur le petit truc qui manque à votre histoire.

Pour comprendre avec un exemple, Shawn Coyne décrypte pour nous le Silence des agneaux de Thomas Harris. Vous pouvez trouver la fiche remplie ici, c’est assez instructif :

La grille appliquée au Silence des Agneaux

Ainsi, il devient plus facile, avec cette vue aérienne de l’histoire, de détecter ce qui ne va pas, ce qu’il faudra équilibrer, déplacer…

Aller plus loin

  • Pour ceux que l’anglais ne rebutent pas, il y a maintenant un podcast, créé par Tim Grahl, autour de la méthode foolscap story grid. Très instructif, avec des exemples et des explications autour du concept.
  • Le site de Shawn Coyne, rempli de détails et d’exemples, toujours en anglais
  • Le livre The Story Grid du même auteur.

Si vous ne pouvez pas vous y coller en anglais, il va falloir attendre un peu que je trie mes idées et avance un peu sur les quelques articles qui vont suivre, et qui vont servir de prise de note lors de mon cheminement avec cette méthode.

Techniques d’écriture, construction d’un récit, ouvrages de référence

Il y a quelque temps, je tombais sur un article qui faisait la comparaison entre écrivains et artistes.

L’idée était de penser que l’écrivain était différent de l’artiste au moins en ce sens que le premier commence par essayer de créer un produit fini sans avoir d’abord travaillé chaque qualité individuelle nécessaire à la création du produit final (l’Histoire).

Un dessinateur va par exemple s’entraîner sur les parties spécifiques, comme les ombres, ou le trait, sans avoir besoin de créer une œuvre à part entière.

Un écrivain s’assoit rarement à son bureau pour s’entraîner au dialogue, ou à la description, ou encore à l’expression des sentiments, sans dans le même temps essayer de créer une histoire.

C’est un petit peu comme si vous demandiez à un artiste de dessiner votre portrait sans qu’il ait d’abord appris à tenir un crayon. Les différentes techniques à maîtriser pour dessiner sont étudiées, essayées, travaillées par tous les étudiants des écoles d’art avant de se lancer dans des projets plus complexes aboutissant à des œuvres finies.

Cette idée, peut-être très anglo-saxonne, est celle que le métier d’écrivain nécessite plusieurs savoir-faire, et que chacun de ces savoir-faire peu se travailler individuellement, au plus grand bénéfice de l’écrivain, qui ajoute de plus en plus d’outils à sa boite au fur et à mesure qu’il « s’entraîne ». Au fond, on ne devrait pas imaginer s’asseoir pour écrire une Histoire sans penser au fait que les dialogues, les problèmes de point de vue, la voix choisie, les descriptions ou la structure du récit sont des domaines qu’il est nécessaire de maîtriser, car ils doivent s’effacer au profit de l’Histoire, justement.

Au-delà des exercices (certains auteurs connus utilisent leur blog pour vous en proposer ; ce n’est pas très difficile à trouver avec un bon moteur de recherche1), la structure de nos récits est quelque chose qui m’intéresse particulièrement.

Il m’est impossible, de toute façon, d’attaquer un roman, une nouvelle ou un truc intermédiaire sans avoir un solide outline. Du coup, pour savoir ce qui fonctionne ou pas, ce que les autres font, et comment faire, j’ai, au fil des ans, accumulé quelques bons ouvrages sur le sujet (mais pas que) dont je vous propose la liste.

Il n’y a que du bon, en tout cas que des choses qui me servent de référence. Certains ouvrages sont en anglais (mais des traductions sont disponibles), mais bon, hein, nos amis anglophones étant bien plus décomplexés que nous sur ces techniques d’écriture, il est bien naturel qu’ils en parlent plus.

C’est le premier ouvrage qui m’a mis le pied à l’étrier de la construction narrative. À la suite d’une master class suivie au début des années 2000 (l’auteur est un passionné, qui a réveillé à nouveau lors de ces quelques jours l’auteur en moi. Si, si.)

Lien Amazon (Jean Marie Roth).

Pas besoin de description. Celui-ci est régulièrement conseillé, tout simplement parce qu’il est très bon. Et King est un maître (ah ah.)

Lien Amazon (Stephen King).

Entre poésie et inspiration, cette collection d’essais évoque avant tout l’amour de l’auteur pour l’écriture. Cela me redonne un peu de peps sur les coups de mou, ceux que l’on peut avoir de temps à autre.

Lien Amazon (Ray Bradbury).

Vogler écrit un livre sur la composante de toute histoire qui tient la route, à savoir le voyage du héros, basé sur les travaux de Campbell. Alexandre Astier en parle beaucoup mieux que moi à propos d’une master class organisée par Vogler sur Lyon en 2012, fait rarissime.

The writer’s Journey (Christopher Vogler).

Fortement axé sur la critique de scénario et du coup, la décomposition de ces derniers, de leur structure, de la profondeur des personnages… Quelques archétypes de personnages et leurs interactions sont bien décrits, ainsi que la construction d’un personnage crédible. Trouvé grâce à Neil Jomunsi (merci, gars !), qui en fait encore une fois un meilleur éloge que moi.

Screenwriting 101 (Film Critic Hulk).

Une petite merveille basée sur l’expérience de nombreuses années en tant qu’éditeur de Shawn Coyne. Il sort de tout cela une grille d’analyse qui peut servir à comprendre où une histoire peut pêcher (au niveau de la critique), agissant un peu à la manière d’un script-doctor sur votre livre.

Il illustre cette technique, tout au long de l’ouvrage, en analysant Le silence des Agneaux de Thomas Harris. On découvre le pourquoi, le comment l’histoire de Clarice Sterling et sa relation avec le Dr Lecter nous file les chocottes et nous engage autant.

Cette grille peut également être utile à la préparation d’une histoire, et je l’utilise pour mon prochain thriller (titre provisoire : Redteam).

The story grid (Shawn Coyne).

C’est ma dernière acquisition, pas encore eu le temps de le lire. De mémoire, c’est un livre conseillé par Alexandre Astier dans la même série de vidéos (celles sur Vogler).

Voilà donc une belle petite liste. Et vous, que pensez-vous des techniques d’écriture ? Avez-vous des ouvrages à conseiller ?


Note : ce sont des liens sponsorisés. Soyez libres de trouver ces livres par vous même, mais un peu d’amour ne fait jamais de mal, si vous souhaitez me soutenir, n’hésitez pas : cliquez !

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